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n’est pas, et, depuis l’époque romaine, n’a, jamais été une ville de commerce ; les capitaux y sont donc rares et chers. Les plus riches latifundistes n’ont souvent aucune fortune mobilière ; s’ils veulent faire des améliorations sur leurs terres, il leur faut les hypothéquer à un taux élevé et sans être sûrs de retrouver l’intérêt de leur argent. C’est pourquoi l’État a dû organiser un crédit agricole à conditions très douces pour favoriser la bonification.

Le système du fermage n’est pas non plus favorable à la transformation de l’Agro romano. Les mercanti di campagna font de beaux bénéfices tout en engageant des capitaux peu importants. Ils ne sont donc pas partisans des améliorations et, en tous cas, ils ne peuvent pas en faire sans la coopération du propriétaire. L’intervention financière de celui-ci se traduit naturellement par une augmentation du prix de ferme et parfois le fermier aime mieux abandonner le domaine que de subir cette augmentation : nouvel ennui pour le propriétaire.

L’exploitation extensive du sol a l’avantage d’immobiliser peu de capitaux tant de la part du propriétaire que de la part du fermier, d’être par conséquent très souple, car on passe aisément, suivant les fluctuations économiques, de la culture au pâturage, et vice versa. Les propriétaires, voyant actuellement leurs revenus augmenter à chaque renouvellement de bail, ne sentent pas la nécessité de modifier leur système d’exploitation. Pour mettre un latifundium en culture intensive, il faut le subdiviser en plusieurs fermes, ce qui entraîne des dépenses de construction, complique