Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne s’accommode pas en effet d’une propriété incertaine et précaire, aussi avons-nous constaté que les lois économiques ont eu ici raison des lois civiles. Enfin il faut observer que la constitution de la petite propriété par concession emphytéotique, bien loin de nuire aux générations actuelles et futures, leur est favorable puisque la productivité du sol est augmentée par la culture intensive et que les redevances payées par les emphytéotes permettent à l’Université agraire d’affermer des terres qui sont ensuite concédées à des conditions modérées aux associés et aux habitants.

L’Université disposant ainsi de quelques capitaux peut jouer efficacement le rôle de caution à l’égard de ses membres et de fermier général vis-à-vis du propriétaire qui, sachant ses fermages assurés et payés en bloc, peut consentir un bail plus avantageux que s’il affermait séparément chaque parcelle. Elle joue aussi le rôle d’assureur vis-à-vis des associés en cas de mauvaise récolte ; ceux-ci savent qu’ils ne seront ni expulsés ni saisis puisqu’ils paient une redevance en nature proportionnelle au produit. A l’égard de ses membres, l’Université agraire patronne le travail puisqu’elle leur fournit du travail et qu’elle exerce une certaine direction ; elle les fait aussi jouir de la propriété et facilite ainsi leur ascension sociale. Elle est assez semblable à un syndicat ou à une coopérative ; son efficacité et son action patronnante dépendent beaucoup de ses dirigeants, et elle n’est pas à l’abri d’une mauvaise gestion de leur part.

À Mentana, nous assistons à la naissance d’une Université agraire. Ce village, célèbre dans