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nous paraît également douteux que la crise agraire y trouve un remède radical. Toutefois, le domaine collectif n’est ni une utopie ni une hypothèse : il existe, et pour savoir s’il peut apporter à la question agraire une solution, il faut l’étudier dans sa constitution, dans son fonctionnement et dans ses résultats.

Les « Universités agraires ». — L’article 16 de la loi de 1891 ordonne de remettre les biens attribués aux usagers à la suite de l'affranchissement des servitudes aux associations et aux communautés qui jouissaient des usages publics. Certaines de ces associations avaient une existence juridique remontant même à un temps très ancien, mais le plus souvent la communauté n’avait qu’une existence de fait, et c’est alors la commune qui se présentait pour recevoir les terrains ou toucher les indemnités. Cela n’était pas sans inconvénient en raison de l’organisation municipale. Beaucoup de communes sont fort étendues et fort peuplées ; leur chef-lieu est souvent une sorte de petite ville où sont nombreux les artisans, les petits rentiers qui y forment une aristocratie. En raison de la loi électorale et des conditions politiques du pays, c’est cette oligarchie qui détient l’administration communale ; comme c’est elle aussi qui paie la plus grande part des impôts, elle a intérêt à ce que le patrimoine de la commune soit le plus riche possible pour augmenter les revenus du budget. Les paysans, au contraire, ont intérêt à jouir directement des biens collectifs, ce qui est absolument indifférent aux habitants du bourg