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social du pays. Une fois de plus l’homme est ici dupe d’un moi ; on se demande quel étrange droit de propriété est celui qui est limité par des droits de pâturage, d’affouage et de semailles, mais on ne s’est jamais demandé si le droit de propriété devait être nécessairement le même dans la province de Rome qu’en Allemagne, en Hollande, en France et en Angleterre, s’il n’y avait pas entre les méthodes de culture dans ces divers pays, entre les populations elles-mêmes, des différences expliquant et justifiant une différence dans la conception du droit de propriété.

Tandis que les propriétaires tendaient à réaliser intégralement leur droit de propriété, les paysans, de leur côté, devenaient plus conscients de leurs droits et plus intransigeants sous l’influence des socialistes. Le spectacle des terres incultes qui entourent les villages où ils souffrent de la faim est bien fait pour les révolter. Ils voient les brebis errer dans des champs qu’ils pourraient travailler et se nourrir sur des terres qui, par la volonté des propriétaires, ne portent plus les moissons qui feraient vivre les hommes. Condamnés à l’oisiveté et à l’inaction, ils sentent plus vivement leurs souffrances et sont bien préparés à écouter et à applaudir ceux qui viennent leur dire qu’ils ont droit à la vie par le travail et que la terre doit appartenir au paysan capable de la féconder par son labeur et non au riche latifundiste qui, insouciant du sort des populations, ne demande à la terre que d’entretenir son luxe et son oisiveté.

Les ligues de paysans et le parti socialiste.