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les pays à population clairsemée, le voisinage s’étend fort loin. À Testa di Lèpre, j’ai vu distribuer le pain aux bergers ; ce pain venait de Bracciano, distant de 40 kilomètres ; Rome est plus rapprochée, mais on trouve le pain de Bracciano meilleur. Comme les habitants sont peu nombreux. ils se connaissent facilement presque tous : il suffit de causer quelques instants avec un campagnol pour s’en convaincre. Leurs faits et gestes sont toujours signalés et connus : il y a peu de passants sur les routes, les auberges y sont rares : ceux qui se déplacent, ont les plus grandes chances de se rencontrer et ils sont sûrs d’être vus et reconnus. Ainsi s’explique la rapidité avec laquelle se répandent les nouvelles dans la Campagne. Les moyens de communication étant rares, pour ne pas dire nuls, on ne voyage qu’en voiture ou à cheval, et cela vous met en contact avec les auberges et les passants beaucoup plus que le tramway et le chemin de fer. Les laitiers qui, chaque jour, vont chercher le lait jusqu’à 20 et 25 kilomètres de Rome, jouent un rôle important dans les relations entre la ville et la campagne : ils répandent les nouvelles, font les commissions, transportent les gens qui ont à se rendre quelque part sur leur route. On voit qu’en dépit des apparences, l’habitant de la Campagne romaine est moins isolé que l’habitant de Rome : il a un cercle de relations beaucoup plus étendu.

Il n’en est pas de même des émigrants, et il est intéressant d’observer que ceux-ci transportent dans l’Agro romano leurs habitudes de voisinage telles qu’elles existent dans leur pays de mon-