À chacun de vous j’administre
Le morceau qu’il trouve plus doux,
Et quand le lecteur est ministre,
J’y mets du beurre et du saindoux.
Pour ceux qui me font bonne mine,
Un accueil chaleureux et franc,
J’ai la fleur extrasuperfine
Et des gâteaux au sucre blanc.
Pour l’adversaire qui me tâte,
J’aime à couler adroitement
De la moutarde dans ma pâte,
Et cela fait un pain charmant,
Excellent pour le dyspeptique,
Et cher aux estomacs blâsés,
Fort goûté dans la politique
Par les vaincus et les blessés.
Je consulte enfin pour vous plaire
Vos appétits et volontés,
Car je veux gagner mon salaire
Et bien mériter vos bontés.
Mais voici la nouvelle année ;
Je veux vous nourrir mieux encor,
Et je vous offre une fournée
De bons souhaits, de rêves d’or.
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