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LE CENTURION

Puis s’adressant à Myriam il lui dit : « Femme, vos péchés vous sont remis. »

Elle se releva, en renouant ses cheveux, et en jetant sur Lui un regard plein de confusion et de douleur.

— Il ajouta, sur un ton de douceur infinie : « Votre foi vous a sauvée, allez en paix ». Myriam se glissa furtivement dans la foule, et disparut. Simon avait baissé la tête et réfléchissait. D’accusateur, il était devenu accusé, et tout en se révoltant contre la leçon qu’il venait de recevoir, il était bien forcé de s’avouer à lui-même qu’elle était méritée.

Myriam était une pécheresse sans doute ; mais lui n’était-il pas aussi un pécheur ? N’avait-il pas beaucoup à se faire pardonner ?… Oui, certes, et Jésus venait de lui apprendre qu’il ne lui serait pas beaucoup pardonné parce qu’il n’aimait pas beaucoup.

Les autres convives, dont plusieurs étaient pharisiens, demeuraient étonnés et scandalisés. Dieu seul, murmuraient-ils entre eux, peut pardonner les péchés. Comment cet homme peut-il le faire… ?

Le repas se termina presque en silence. Seul Jésus fit entendre sa parole onctueuse et persuasive. Il déclara qu’il était venu pour les pécheurs et non pour les justes. Il fit l’éloge de sa miséricorde et ajouta : « Ne condamnez point et vous ne serez point condamnés. Remettez et on vous remettra. Vous serez jugés comme vous aurez jugé les autres. En