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LE CENTURION

Adieu, pour toujours, si mon Dieu ne devient jamais votre Dieu.



III

DOUBLE DEUIL


Le lendemain, Camilla écrivait à sa mère dans son journal : Un double deuil enveloppe mon âme. C’est maintenant que je comprends ce que m’expliquait l’autre jour Myriam de Magdala, que le cœur humain est assez grand pour contenir à la fois deux amours : un amour naturel et légitime, et un amour surnaturel.

Ces deux sentiments remplissaient mon cœur tout entier, et tous les deux me sont ravis en même temps ! Ô doux prophète de Nazareth, combien il m’était cher !

Je l’aimais d’un amour idéal, comme on aime le Bien, le Vrai et le Beau. Je l’aimais comme j’aimerais Dieu, si je le connaissais.

Depuis longtemps je ne croyais plus à Jupiter, et je me sentais attirée vers Jéhovah ; mais comment croire en lui, quand j’ai vu ses prêtres criminels conduire à la mort le meilleur, le plus innocent et le plus parfait des hommes ?

Ô mère ! Si Dieu a jamais existé, sur terre, c’est Jésus qui l’était ! Mais Dieu ne meurt pas, et Lui… il est mort.