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LE CENTURION

royauté de Jésus, il le fit revêtir d’une pourpre dérisoire, et le renvoya à Pilatus.

Pendant ce temps-là, Pilatus réfléchissait, et ses appréhensions augmentaient. Il épiait la foule, il recueillait tous les rapports que ses agents secrets lui faisaient.

L’irritation du peuple prenait des proportions alarmantes, et il ne voyait pas comment il apaiserait ce mouvement populaire créé par les Sanhédrites, s’il ne cédait pas à leurs instances.

Dans sa frayeur, il entendait déjà gronder l’émeute. Il voyait déjà ses légionnaires massacrant les émeutiers, le sang coulant à flots sur les parvis du temple. Il se sentait dénoncé à Rome, accusé, blâmé, démis, exilé.

Son épouse, Claudia, avait eu une nuit d’insomnie. Vers le matin seulement elle s’était endormie, mais alors un rêve terrible avait troublé ses esprits.

Jésus lui était apparu tout ensanglanté debout devant le tribunal où siégeait son mari ; le sang qui ruisselait de ses veines, jaillissait jusque sur Pilatus, et teignait ses vêtements. Le gouverneur avait fait apporter un vase plein d’eau, et se lavait les mains. Mais l’eau devenait alors du sang, et teignait même ses bras et tout son corps.

Ce spectacle l’avait réveillée en sursaut, et elle n’avait pu se rendormir. Elle avait raconté son rêve à sa sœur, et toutes deux avaient décidé de