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LE CENTURION

avec des épées, des bâtons et des lanternes. Tout cet appareil était bien inutile. Car Celui qu’ils venaient arrêter n’avait nulle intention de se cacher ni de se défendre.

Il réveilla ses apôtres, et leur dit : « C’est l’heure ; Celui qui me trahit est proche ». En quelques instants, il fut arrêté, garrotté, et il suivit docilement la troupe, qui reprit la route quelle venait de parcourir, pendant que les apôtres effrayés se dispersaient.

Il était minuit. Les rayons de la pleine lune, arrivée au zénith, pénétraient jusqu’au fond du ravin, où le Cédron précipitait son maigre filet d’eau. Les portiques du Temple, éclatants de blancheur sous les reflets lunaires, allongeaient leurs colonnades harmonieuses au sommet du mont Moriah.

La cohorte romaine semblait faire escorte au prisonnier, qui avait recouvré ses forces, et gravissait d’un pas ferme les hauteurs de Sion qu’il venait de descendre avec ses disciples.

Désormais il était seul. Depuis trois ans, ses disciples l’avaient toujours accompagné. C’était fini. La famille était dispersée, et le chef se livrait lui-même à la malice de ses ennemis.

C’était bien à tort que ceux-ci redoutaient une lutte avec celui qui jusqu’alors avait sapé leur autorité et leur prestige.

La lutte n’avait plus aucune raison d’être. Le chef de la nouvelle religion n’était plus que l’agneau de Dieu, victime volontaire, résignée, décidée à