Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
LE CENTURION

« Le nouveau sacerdoce devra remplacer l’ancien, la prédication nouvelle fondée sur l’esprit et non sur la lettre des Écritures, menace de faire le vide autour de vos chaires, scribes, et personne ne lira plus vos paraphrases et vos commentaires. (Murmures.)

« Votre prestige à tous, et votre autorité sont en danger, je le reconnais ; et si les sacrifices sont abolis, vos tables seront dégarnies, prêtres et pontifes. (Interruptions).

« Voilà ce qu’il y a de périlleux pour vous dans le succès de Jésus de Nazareth, et je m’explique très bien que vous désiriez vous en défaire.

« Mais voilà aussi pourquoi je suis un juge plus

désintéressé et plus impartial que vous. (Cris). Et pour juger en pleine connaissance de cause, je propose que nous fassions une enquête minutieuse pour connaître exactement les origines de Jésus, et pour découvrir la supercherie et la fraude, s’il y en a quelque part. (Cris, tumulte).

Alors Joseph d’Arimathie, vir probus mais non dicendi peritus, parla simplement et dit :

« L’enquête demandée par notre collègue Nicodème, je l’ai commencée moi-même pour mon propre compte.

« Vous savez que je possède de grandes propriétés à Bethléem et à Nazareth, comme en divers endroits de la Judée et de la Galilée ? Eh ! bien, tout en vaquant à mes affaires dans ces différents endroits, je me suis enquis de Jésus de Nazareth.