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LE CENTURION

de l’amour. Il me semble qu’elle est l’image de notre avenir.

— Vous êtes bien sentimental, et bien poétique aujourd’hui. Laissez parler l’historien à la place du poète, et dites-nous plutôt quelques-uns des grands souvenirs historiques de cette harmonieuse et fertile vallée.

— Je veux bien, répondit Caïus, et ils s’arrêtèrent tous les trois au bord de l’escarpement de la montagne.

— Les plus anciens souvenirs que je pourrais évoquer, dit Caïus, remontent à 2000 ans. C’était le patriarche Jacob qui était alors le roi-pasteur de toute cette contrée, et son histoire est pleine de péripéties et de scènes dramatiques qu’il serait trop long de vous raconter. Je pourrais vous parler aussi de son fils Joseph qui fut trahi et vendu par ses frères, emmené en Égypte, et qui y devint l’intendant d’un des Pharaons les plus puissants. Son tombeau est là-bas, au fond de cette vallée.

Mais j’aime mieux évoquer un souvenir moins antique, dont vous admirerez comme moi la grandeur. Il remonte encore à quinze siècles cependant, sept siècles avant la fondation de Rome.

Josué avait achevé la conquête de la Terre Promise, et suivant les instructions qu’il avait reçues de Moïse, il voulut qu’Israël renouvelât l’alliance qu’il avait faite avec Jéhovah. Il amena les douze tribus, formant une armée de 600,000 hommes, dans cette vallée, au fond de laquelle il avait placé