Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
LE CENTURION

apercevoir dans ses visions prophétiques, quand il décrivait la Terre Promise avec tant d’enthousiasme. Placée entre le mont Hébal, qui la protège contre le vent du nord, et le Garizim qui lui verse des eaux abondantes, elle ressemble à un berceau ; et le soleil la réchauffe tout le jour depuis son lever jusqu’à son coucher. Les Samaritains croient qu’elle fut le paradis terrestre, où Dieu plaça le premier homme.

Camilla se sentait envahie par le bonheur de vivre, et par une gaîté d’enfant. Aiguillonné par l’ânier, son petit âne trottinait joyeusement en avant des autres. Alors, elle leur criait en riant : hâtez-vous donc, festinate ! Claudia pressait sa monture, et prenait les devants à son tour. Caïus restait au côté de Camilla, et lui disait : C’est ainsi que je voudrais faire le voyage de la vie.

— À dos d’âne ? demandait Camilla, avec un éclat de rire.

— Oh ! non, les ânes vont trop vite. C’est à pieds, à pas lents, que je voudrais cheminer à vos côtés, afin que le voyage durât longtemps, longtemps…

— Mais le chemin de la vie n’est pas toujours aussi beau que celui-ci.

— Ne m’ôtez pas mes illusions. Voyez comme elle est belle et riante cette vallée tranquille qui est maintenant tout entière sous nos yeux, avec ses grandes futaies d’où monte la chanson de la vie et