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LE CENTURION

— Est-ce que votre bien-aimé, s’il est Dieu, ne pourrait pas vous épargner ces épreuves ?

— Il le pourrait, mais il ne le veut pas, parce qu’il faut que j’expie mes péchés en souffrant.

— Au moins, vous envoie-t-il des consolations ?

— Vous ne pouvez pas savoir de quelles consolations intérieures il me comble.

Mes amours d’autrefois ne me donnaient que des joies incomplètes, troublées et passagères, suivies de remords, de dégoûts, et de douleurs. Ils m’humiliaient, ils m’abaissaient ; et j’en arrivais à me mépriser moi-même, parce que je me sentais descendre au niveau de la brute.

Mais l’amour que j’ai pour Lui est tout autre, et les effets qu’il produit en moi sont tout différents. Il me relève, il me console, il m’ennoblit.

En le trouvant, je me suis retrouvée moi-même, j’ai reconquis ma dignité perdue.

— Votre sœur m’a dit que vous pleurez beaucoup cependant.

— Oh ! oui, et je voudrais pleurer davantage. Je voudrais me baigner dans mes larmes. Mais il y a du bonheur dans les larmes du repentir ; car en me purifiant, elles me rapprochent de Celui que j’aime.

Quand je me rappelle ma vie passée, je me sens indigne de Lui, et je m’afflige. Mais je sais que cette affliction lui plaît, parce qu’elle est une preuve de mon amour, et je sens qu’alors Il m’aime plus lui-même.