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Eh bien ! la différence n’est pas moins remarquable entre la vie de l’esprit, ou intellectuelle, et la vie surnaturelle de l’âme. La première peut être pleine de vigueur et d’éclat alors que la seconde est éteinte ; et malheureusement, il y a trop d’hommes illustres dont la vie intellectuelle est intense, qui éblouissent l’humanité par leurs discours et leurs écrits, et chez lesquels l’impiété et la corruption ont complètement détruit la vie de l’âme ! Et pourtant c’est la vie supérieure de l’homme, et la plus importante puisque c’est celle qui le rapproche de Dieu. On l’appelle surnaturelle parce qu’elle n’a rien de la nature et parce qu’elle constitue l’homme en grâce et en union avec Dieu.

Eh ! bien, Messieurs, à chacune de ces trois vies qui distinguent l’être humain, il faut une alimentation qui soit appropriée à sa nature et à sa fin. Nous arrêterons-nous à l’alimentation de la vie corporelle ? Non. C’est la vie inférieure qui ne se distingue guère de la vie végétale et de la vie animale. Plaignons seulement les malheureux qui croient que tout l’homme est là, et qui se rabaissent eux-mêmes au rang de la brute.

L’alimentation de la vie intellectuelle serait beaucoup plus digne de notre attention.

Et, si j’en avais le temps, je pourrais vous montrer que la vie intellectuelle elle-même, quand elle veut s’élever au-dessus de l’ordre naturel, est forcément obligée pour se nourrir, de recourir — non pas au pain eucharistique — mais à l’enseignement de Jésus-Christ.

Oui, Messieurs, l’esprit humain par ses seules forces, peut bien planer dans les hauteurs du monde idéal. Mais s’il veut monter plus haut, et pénétrer dans le monde surnaturel pour bien connaître Dieu et les vérités divines, le Verbe de Dieu sera le terme et l’aboutissement nécessaire de ses études.

La parole divine recueillie dans le merveilleux livre des Évangiles deviendra sa nourriture obligée ; car jusqu’à Jésus-Christ les plus brillants représentants de la raison humaine n’ont pu donner à l’homme la vie intellectuelle supérieure et complète qui embrasse l’ordre surnaturel.

Les sages de la Grèce et de Rome, Socrate, Platon, Cicéron et les autres, avaient en vain jeté à tous les échos d’admirables paroles, l’esprit humain se mourait d’inanition, et la vie de l’âme allait s’éteindre quand le Messie parut.

Lui seul put accomplir ce miracle d’enseigner à la fois les ignorants et les savants et de répandre dans le monde, toutes les vérités nécessaires, que les esprits les plus bornés comprennent et que les génies les plus élevés proclament admirables. Et c’est ainsi qu’il a pu donner à l’homme l’aliment nécessaire au perfectionnement de sa vie intellectuelle. C’est ainsi qu’il a pu adresser à tous les chercheurs de bonne foi, cette parole extraordinaire : Je suis la Vérité !


III


Mais il a dit aussi : « Je suis la Vie » ; et par cette parole il n’a voulu désigner ni la vie du corps, ni celle de l’esprit, mais la vie surnaturelle de l’âme.