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la vie. Ils ne sont pas assis à l’ombre de la mort ; ils sont debout, et ils marchent à la lumière de ce nouveau soleil que le Christ est venu allumer sur terre et auquel il a donné son nom : le Christianisme.

À mesure que cet astre radieux poursuit sa carrière vers l’extrême Occident que nous habitons, les profondeurs des solitudes s’illuminent, et l’on voit perpétuellement naître et se développer sous ses rayons bienfaisants des germinations nouvelles.

Il n’y a guère plus de deux siècles que Mgr de Laval est venu jeter en terre sur les rives du St. Laurent la précieuse semence d’une église nouvelle, et Dieu sait par quelles tempêtes fut assailli à certaines époques l’arbre mystique qu’il arrosa de ses sueurs.

Mais les germinations que les eaux du baptême ont une fois baignées ne se flétrissent jamais complètement. Elles pâlissent, elles s’étiolent quelquefois ; mais elles gardent dans leurs racines un reste de sève qui peut encore monter, ramener la vie sous l’écorce du tronc, et faire épanouir dans les rameaux de nouvelles floraisons.

C’est ce qui fait la supériorité de la germination religieuse sur la germination civile et politique, et dans aucune histoire peut être le contraste entre les deux n’est plus frappant que dans la nôtre.

Voyez plutôt ce que sont devenues les œuvres des deux puissances créatrices auxquelles notre pays doit son origine. Le roi de France était puissant, et il était représenté ici par des gouverneurs et des soldats ; le Pontife de Rome était faible, et il envoya sur nos rivages l’évêque de Pétrée et quelques pauvres religieux.