Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.

encore. Alors le train s’arrête, et tous les voyageurs descendent pour aller jeter un dernier coup d’œil à la terrible rivière, qui court évidemment au suicide.

Du haut d’une terrasse construite exprès au bord du précipice, nous sommes épouvantés de l’apercevoir à 300 pieds de profondeur sous le roc qui surplombe.

Nous l’abandonnons à son malheureux sort, et reprenons notre course.

Bientôt nous apercevons les colosses jumeaux qu’on a baptisés Mackenzie-Tilley. Ils ont depuis longtemps dépassé l’âge des deux hommes d’Etat ; mais ils ont encore tous leurs cheveux, et d’une longueur telle qu’aucune femme n’en a de semblables, même parmi ceux qu’elle achète. Plaise à Dieu qu’aucun incendie ne vienne les rendre chauves !

Voici Revelstoke, où nous retrouvons la rivière Colombie, arrivant de sa longue course au Nord considérablement élargie. C’est le point de départ le plus avantageux pour aller rejoindre par la rivière et par les lacs de la Flèche (Arrow) les régions minières de Kootenay.

Vers le soir nous arrivons aux bords du grand lac Shuswap qui a emprunté son nom de la tribu indienne fixée sur ses bords. Les paysages les plus pittoresques se succèdent ici à nos regards. Mais bientôt la nuit vient, et nous dérobe la vue d’une des régions les plus intéressantes et les plus accidentées.