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pendant tonte l’élection ait pu commettre une faute aussi lourde que celle Soi lui est imputée, en menaçant un homme qu’il ne connaît pas, et auquel est obligé de demander son nom, et cela en présence de plusieurs personnes “ et sur le ton ordinaire de la conversation ? ”—car c’est ainsi que Dufour raconte la chose.

De plus, comment expliquer que Dufour ne soit plus retourné au comité du Défendeur après l’entrevue ? Puisqu’il avait été effrayé, c’était le temps de se montrer favorable au Défendeur. C’est après l’entrevue qu’il devait tréquenter son comité. Mais non, d’après son propre témoignage, c’est avant l’entrevue qu’il allait souvent chez Théophile Simard. Dès lors comment pouvait-il dire au Défendeur : “ Si je continue à travailler pour M. Tremblay perdrais-je ma place. ” Et comment le Défendeur pouvait-il xépondre : “ Si vous continuez vous la perdrez ?” Le Défendeur ne devait pas demander mieux que de voir Dufour “ continuer,” c’est-à-dire fréquenter son comité chez Théophile Simard et parler en sa faveur ;—car c’est ce que Dufour a fait d’après la preuve.

Il y a donc dans le récit de Dufour des invraisemblances frappantes et des contradictions inexplicables qui suffiraient pour jeter du discrédit sur son témoignage Résumons-les : lo. Ses convictions sont en faveur de M. Tremblay et il se montre favorable à M. Langevin et fréquente son comité. Bien plus il prend part au triomphe du Défendeur et le suit jusqu’à St. Urbain où il a le courage de lui donner la main. 2o. M. Tremblay peut lui faire perdre sa place, et M. Langevin ne le peut pas ; il le sait, et cependant il a peur de la perdre en travaillant pour M. Tremblay. 3o. Avant que le défendeur lui ait fait aucune menace il fréquente son comité et se déclare en sa faveur ; il faut supposer que c’est là ce qu’il appelle “ continuer à travailler pour M. Tremblay.” 4o. Après la menace du Défendeur et lorsqu’il devrait en conséquence se déclarer plus ouvertement pour lui, il cesse, dit-il, de se mêler d’élection, et de fréquenter le comité du Défendeur.

Il y a dans cette conduite et dans ces dires de Dufour un caractère de duplicité et de fourberie qui ne lui fait pas honneur. Disons encore qu’en assistant au comité du défendeur “ pour voir comment ça se passait, ” il jouait le rôle d’un espion ; et si l’on veut savoir quelle confiance on peut reposer dans le témoignage d’un espion qu’on lise les paroles que prononçait le juge Blackburn dans la cause de Stafford. (I. 0. et H. page 233.)

“ There is a’peculiar class of evidence occuring upon these élection pétitions ; I mean that of witnesses who in a criminal court one would call self—discrediting witnesses,—sjries, informera, and persons guilty of crime according to their own story,—who come to seek the reward that is to be got by telling the truth the other Way. In a criminal court a verdict of guilty would never be permitted upon the evidence of such witnesses without confirmation. That has long ago been established. In a civil court, though they are looked upon with distrust, there is 110 absoluto necessity that they should be confirmed. In such inquiries as these we must look upon it with considérable distrust, but still treat it as information which may be true. It calls upon the other side to give evidence in order to explain how it was. In that way these witnesses are valuable, but as a général rule they should not be made the staple of a case or be to much relied upon. ”

Ce que j’en ai dit suffit à démontrer que le témoignage de Dufour est