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Mais le véritable Broadway de Londres, que n’égalent pas les boulevards de Paris, c’est la Tamise. On ne voit nulle part un pareil déploiement d’activité et de vie. Steamers, trois-mâts, barques, bateaux plats, yachts, vaisseaux à roues, à hélice, à voiles, embarcations de toutes formes, forces motrices de tout genre et de toute vitesse, s’y croisent en tous sens, sous les vastes ponts chargés de véhicules, de convois et de piétons, présentant ainsi le spectacle de foules énormes circulant les unes au-dessus des autres.

Cette circulation immense à double étage se retrouve encore dans la ville sous laquelle les voies ferrées serpentent.

À certains endroits, s’ouvrent sous vos pas de gigantesques entonnoirs, et si vous descendez leurs longs escaliers en spirales, vous arrivez à une gare ou passe un train toutes les cinq minutes. C’est là qu’il ne faut pas être lent à monter en voiture ; car chaque train, pressé par celui qui le suit, s’arrête à peine à chaque gare, et repart aussitôt avec la rapidité de l’oiseau ! C’est quelque chose d’effrayant que d’entendre hurler ces monstres au fond de ces abîmes et de les voir s’élancer dans la nuit sombre pour ne retrouver qu’à l’entonnoir suivant un pâle rayon de lumière.

Mais il ne faut pas s’imaginer que tous les quartiers de Londres ont cet aspect bruyant et tourmenté. Londres est la plus grande métropole commerciale de l’univers, mais elle a ses rues paisibles et solitaires. En un mot elle possède autant de quartiers différents, qu’elle a de classes différentes d’habitants.