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descendante. Elle fut catholique ; elle devint protestante ; elle est maintenant une ombre !

Quelle douce mélancolie s’empare du cœur quand on franchit le seuil de cette antique chapelle royale dont il ne reste plus que les quatre murs, et quelques piliers massifs ! Ces pierres croulantes à travers lesquelles le lierre serpente, ces pilastres grecs qui n’ont plus rien à soutenir, cette magnifique porte ogivale qui vit passer tant de rois et de reines, cet immense vitrail de la façade qui n’a plus de vitres, ces tombeaux que nous foulons sous nos pieds, et qui contiennent des cendres royales, tout cet ensemble de ruines me plonge dans une rêverie profonde.

Ma tristesse augmente encore lorsque levant les yeux au-dessus de la grande porte je lis sur une tablette de marbre ces lignes que Charles I y fit graver lorsqu’il restaura cette chapelle en l’an 1633 :


He shall build a house

For my name, & I will

Stablish the throne

Of his kingdom

For ever !


Ô mystérieux desseins de la Providence ! Ô châtiment peut-être d’une grande famille et d’un grand peuple ! Seize ans n’étaient pas encore écoulés que la tête de l’infortuné Charles I tombait sur l’échafaud, et que le trône des Stuarts était renversé pour toujours !

En proie aux réflexions les plus sombres, je m’avance jusqu’à l’extrémité de la nef, à l’endroit où