Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trop loin cependant pour qu’elle soit justifiable de se croire une ville maritime.

C’est fâcheux pour elle ; car si le Forth venait battre les pieds de Calton Hill, Édimbourg serait peut-être, à tout prendre, la plus belle ville du monde. Son site est si pittoresque, si plein de surprises, si varié d’aspects. Il n’y a peut-être pas une rue qui n’offre à l’une de ses extrémités quelque perspective charmante. Mais la rue-des-princes est véritablement la mieux nommée : elle est princière.

Non seulement elle est spacieuse, bien bâtie, bordée de jardins et de monuments ; mais elle ressemble à une terrasse construite tout exprès pour contempler la ville qu’elle traverse. C’est le balcon d’où la ville nouvelle, toute brillante de jeunesse et d’orgueil, regarde à ses pieds la vieille aïeule des Stuarts adossée à son château-fort.

Édimbourg a deux têtes, ou deux sommets, le Château et Calton-Hill ; la rue-des-princes se promène entre les deux, en serrant de près cette dernière dont elle ne se détourne qu’avec regret et pour en faire le tour.

En sortant de notre Hôtel Royal, bâti dans cette même rue, nous avons donc sous les yeux un panorama superbe. En face, des jardins magnifiques qui descendent en pente douce vers la gorge profonde au fond de laquelle mugissent les locomotives, et sur le bord de ces jardins le monument de Walter Scott, l’un des plus beaux que l’Europe possède. C’est une pyramide gothique en marbre blanc, ayant quelque ressemblance avec la flèche de Strasbourg et s’élevant