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prolongent, avoue que la faute n’en est pas toute entière à l’Angleterre. Il faut que tu acceptes une part de responsabilité, que tu reconnaisses tes propres fautes et les fasses oublier.

Il est dur de souffrir, je le sais, et le joug que tu portes est parfois bien lourd. Porte-le cependant avec résignation, et demande protection à la loi, plutôt qu’à la rébellion. Éteins dans ton cœur la haine et la vengeance, et ta voix n’en sera que mieux entendue quand tu parleras le seul langage de la justice et de l’humanité.

L’émancipation, et le désétablissement de l’église anglicane sont les premières étapes de ton affranchissement. Il a fallu bien des années pour les obtenir, et l’Angleterre a mis encore tant de restrictions, que ces deux mesures ne constituent qu’un progrès peu satisfaisant. Mais avec de la persévérance tu obtiendras d’autres réformes.

Quelles seront-elles ? Sera-ce le rappel de l’Union ? Je ne crois pas la chose possible. Mais l’Union peut être avantageusement modifiée, de manière à lui donner le caractère fédératif qui existe dans l’organisation politique du Canada. Un parlement irlandais pourrait ainsi être rétabli, et jouir d’une liberté législative plus ou moins étendue dans certaines matières qui seraient déterminées par le pacte fédéral.

Là peut-être est ton salut, courageuse Irlande. Qui sait si un jour tu n’en viendras pas à unir dans ton cœur cette foi catholique qui constitue ta force, et ces institutions anglaises qui, équitablement appliquées, feraient ta prospérité !