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L’IRLANDE

au gouvernement, se moqua de l’éloquence, de la justice, du patriotisme, et l’Acte d’Union fut voté.

Le discours que Grattan prononça dans cette circonstance fut bien remarquable. On l’avait arraché à son lit, où il gisait bien malade, pour venir défendre une dernière fois la liberté de son pays. Pâle, faible, amaigri, le grand patriote fit son entrée en chambre soutenu, par deux amis. Quand le moment de prendre la parole fut venu, il se leva, mais retomba sur son siège, et d’une voix défaillante il demanda la permission de parler assis, ce qui lui fut accordé. Sa parole faible et lente d’abord s’anima peu à peu, sa nature bouillante s’enflamma, et pendant deux heures il parla avec une force et une énergie étonnantes.

Les dernières paroles qu’il prononça contre cette union qu’il voyait s’accomplir furent les suivantes :

« Yet I do not give up the country ; I see her in a swoon, but she is not dead, though in her tomb she lies helpless and motionless, still there is on her cheeks a glow of beauty. »

« Thou art not conquered : beauty’s ensign yet
Is crimson in thy lips and in thy cheeks.
And death’s pale flag is not advanced there. »

« While a plank of the vessel sticks together I will not leave her ; let the courtier present his flimsy sail and carry the light bark of his faith with every new breath of wind. I will remain anchored here, with fidelity to the fortunes of my country, faithful to her freedom, faithful to her fall. »