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PARIS

Mais dans cette carrière deux voies lui étaient ouvertes : l’une pleine de fleurs, de rêves, de sentiments, de méditations et de visions poétiques : l’autre pleine d’obstacles et de dangers, de ronces et d’épines, de luttes et de blessures, de minutes de triomphe et de jours d’accablement, d’exaltations et de déboires, d’applaudissements et de mépris.

Les circonstances — qui ne furent pas l’œuvre du hasard, mais de la Providence — le poussèrent dans cette dernière voie, et il y a usé sa vie. Mais comme il était bien doué pour entrer aussi dans l’autre voie, et quelles œuvres délicieuses son génie poétique y eût laissées !

C’est quand je relis Çà et Là ou Corbin et d’Aubecourt, ou les Historiettes et Fantaisies que je me surprends à regretter que le courroux ait enflammé ce cœur, si bien fait pour aimer, et que tant de paroles de colère soient tombées de ces lèvres, si bien faites pour chanter. Mais, comme il l’a dit lui-même, il fallait bien forger et manier des armes quand des bandes brutales se ruaient sur la justice et sur la vérité.

Hélas ! « ce livre paisible et joyeux, dont je lui emprunte la description, ce livre jeune, plein de lumière et d’ombre, plein de paroles sages et d’innocentes chimères ; ce livre heureux, cette promenade sur l’herbe au bord des fontaines, dans la senteur des aromates sauvages ; ce doux livre, où la brise des montagnes et la brise de mer auraient caressé les leçons de l’expérience indulgente et la flamme des der-