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tueux, et qu’il a coûté près de cent millions. Comme ce n’est pas mon argent, je n’ai rien à y voir ; mais si j’étais le peuple français, je me serais plaint de cette extravagance, et j’aurais demandé de loger moins richement nos danseuses, et de mieux équipper nos soldats.

La façade principale est très ornée, mais elle manque d’élévation. Au reste, tout l’extérieur parait un peu écrasé ; la coupole surtout est aplatie, et ne commande pas l’admiration.

Il semble que l’Art demandait un autre temple, un genre d’architecture qui rappelât les coups d’ailes et les aspirations célestes de la Musique.

L’intérieur est beaucoup plus beau, et d’une richesse qui éblouit. Le vestibule, les grands escaliers en marbres de diverses couleurs, polis, et sculptés, les statues allégoriques, les candélabres, les glaces immenses qui multiplient et embellissent les perspectives, tout cet ensemble est d’un effet saisissant.

La salle, est aussi très belle, et pompeusement décorée ; sa disposition est favorable aux lois de l’acoustique, assure-t-on.

Mais que vous dirai-je de la musique qu’on y entend trois fois par semaine ? Je ne suis pas un artiste et si je n’admire pas tout sans restriction, on va se moquer de mon incompétence et me reprocher de sortir de ma juridiction. Et cependant, puisque messieurs les artistes nous convient à les entendre, n’est-il pas juste qu’ils nous permettent de dire si