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« M. Jules Simon vous disait, l’autre jour, qu’il est un homme de 89 !

« Vous n’aviez pas besoin de le dire, philosophe ! je vous avais bien reconnu ! Oui, voilà bien la doctrine de la Révolution française ! Oui, vous êtes bien le fils de ceux qui, dans un jour de révolte, ont expulsé de la société le Dieu des chrétiens, pour mettre à sa place un Dieu imaginaire, qui n’est plus qu’une conception métaphysique.

« Mais vous aviez compté sans la logique du peuple ! Un homme qui a marqué tristement sa place dans l’histoire de nos révolutions, Félix Pyat, a dit un jour que « le peuple est un grand logicien qui ne manque jamais de conclure » Or, quand les hommes de 89 eurent mis Dieu à l’écart ; et fait, à leur profit, une société purement humaine, ils voulurent arrêter là leur Révolution, et ils crurent, ils croient encore, qu’avec ces grands mots de morale et de devoir, ils pourraient se rendre maîtres de l’esprit du peuple, et l’empêcher de tirer les conclusions nécessaires des principes qu’eux-mêmes avaient posés.

« Ils se sont trompés. Le peuple a été jusqu’au bout et un jour il est venu leur dire : « Vous m’avez ôté l’espérance du ciel et la crainte de l’enfer ; il me reste la terre, je l’aurai ! »

Voilà la conclusion logique où la philosophie conduit l’ouvrier. Alors. M. de Mun met en parallèle la doctrine catholique, qui donne à l’ouvrier des réponses claires, positives, à toutes ses questions, qui dissipe ses ténèbres, qui lui indique ce qui est bien et ce qui