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mourut. Mais lorsqu’un pape meurt, il y a toujours en un coin quelconque du globe, dans une église, au fond d’un monastère, ou dans une prison, un homme qui sera quelques jours après le Chef de l’Église.

Cette merveilleuse fécondité de l’Église mère, qui est à Rome, se retrouve dans toutes les églises et dans toutes les chaires catholiques de l’univers. La Chaire Catholique n’est réellement jamais veuve, et quand un de ses maîtres en descend pour n’y plus remonter, un autre lui succède, et la parole divine ne cesse pas de retentir.

Quand la sève apostolique aura produit les Lacordaire, les Ravignan et les Félix, croit-on qu’elle sera épuisée ? Non.

Dix-huit ans après Lacordaire, un de ses jeunes disciples, sortant comme lui du cloître, vêtu de cette robe monastique dont les plis renferment tant de souvenirs glorieux, succédait dans la chaire de Notre-Dame au religieux dévoyé que la France avait quelque temps acclamé, et qui venait d’échanger le froc — non pas contre une épée — mais contre une quenouille !

Ce nouveau fils de Saint Dominique, c’était le P. Monsabré, et sa première parole fut un souvenir pour celui qui avait été son maître :

« Il y a dix-huit ans, commença-t-il, à la place où je suis, un homme que vous avez admiré et aimé s’écriait : Ô murs de Notre-Dame, voûtes sacrées qui avez reporté ma parole à tant d’intelligences privées de Dieu, autels qui m’avez béni, je ne me sépare point de vous. — Et cependant on ne le revit plus, la tombe