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Plus loin je me suis cru en Italie, dans un jardin de Gênes, au milieu des orangers, des fleurs, et des statues, au pied d’une jolie cascade qui chantait dans les fougères, et faisait trembler les lotus bleus au bord des bassins de marbre.

J’y serais demeuré longtemps, si les fanfares d’orchestre dans la grande salle publique du transept central n’étaient venues m’arracher à ma douce rêverie. Des flots d’harmonie y coulèrent pendant près de deux heures, et les portes du théâtre furent ensuite ouvertes.

Une excellente compagnie d’acteurs y joua la jolie comédie de Byron Our Boys, qui nous fit rire aux larmes aux dépens de cette pauvre autorité paternelle, si méconnue par les enfants contemporains.

À six heures, un grand concert vocal par l’association chorale de Londres nous retint trop longtemps dans la salle de concert, qui s’ouvre en face de l’opéra.

À sept heures et demie, illumination des jardins et des fontaines, et feu d’artifice le plus merveilleux qu’on puisse voir.

À huit heures et demie des gymnastes et des acrobates gambadent au-dessus de nos têtes, et de nouvelles fanfares les suivent. Je n’en puis plus, et je veux me boucher les oreilles. Mais le moyen de ne pas écouter une bande qui appartient au royal horseguards blue ! Je ne serais plus un loyal sujet britannique.