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II

LA MER.



Malgré tout, je l’aime encore et il me semble que tout le monde l’aime.

Pourquoi ? Parce qu’elle est immense et que nous aimons ce qui est grand. La grandeur est un besoin de notre œil comme de notre cœur ! Nous sentons une véritable allégresse quand nous avons sous les yeux l’immensité, l’infini, l’étendue sans rivages de la mer, la profondeur sans limites du firmament ! C’est l’âme sans doute qui communique au corps ce désir d’aller au-delà de la matière !

D’ailleurs la mer est le miroir du ciel. N’est-ce pas assez pour que nous la trouvions belle ? Mais elle ne réfléchit le ciel que dans le calme, comme l’âme humaine ne réfléchit son modèle que dans la paix.

Dans le calme elle est limpide et pure. Elle se laisse voir à des profondeurs inconnues. Elle reflète toutes les plus riches couleurs du firmament, toutes les clartés et tous les astres du ciel ; elle berce amoureusement le navire, comme une mère son enfant, et