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C’était en 850, et la persécution dura trois ans. Elle commença par saint Parfait, et finit par saint Euloge. Des vieillards, des jeunes gens, des vierges lassèrent la cruauté des persécuteurs.

Aujourd’hui, rien n’est plus calme et solitaire que ce coin de Cordoue, et le fleuve que les Romains appelaient le Bœtis, et que les Arabes nommèrent Ouad-al-Quebir, y fait toujours entendre ses plaintes monotones.

Mais les rivages sont toujours souriants, et parmi les orangers, les citronniers et les grenadiers chargés de fruits, jaillissent toujours les fontaines et gazouillent les jets d’eau.

On assure que Cordoue comptait jadis deux cent mille maisons, quatre-vingt mille palais, neuf cents bains, et avait douze mille villages pour faubourgs. Les Arabes y avaient construit sept cents mosquées, une foule de marchés, de bazars et d’hôtelleries.

Il y a sans doute de l’exagération dans ces chiffres ; mais il est certain que la Cordoue actuelle ne peut plus donner aucune idée de son ancienne splendeur. Ce qu’elle a conservé, c’est le caractère oriental de ses constructions, sa merveilleuse mosquée convertie en cathédrale, et quelques pans de murailles percées de portes monumentales, et flanquées de tours sarrasines, chrétiennes, et arabes, qui faisaient partie de ses anciennes fortifications. Un vieux pont de pierre remonte même jusqu’à l’époque romaine, et mérite l’attention de l’antiquaire. L’on y arrive par une grande porte à colonnes, et il se termine par une forteresse crénelée, nommée la Carrahola.