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Enfin le point culminant de la Sierra est derrière nous, et nous descendons rapidement vers la vallée du Guadalquivir Nous passons près de Tolosa, illustrée par une grande victoire des chrétiens sur les musulmans.

Le climat et l’aspect du pays ont changé ; c’est l’Andalousie avec sa douce température, sa riche végétation, et son firmament plein de soleil. Les haies d’aloès bordent les grandes routes, et les oliviers couvrent les collines de leur sombre manteau vert. Longtemps nous longeons les bords du Guadalquivir que dominent tantôt un village ou une petite ville, tantôt les ruines d’un château mauresque, et nous arrivons enfin à Cordoue.

Voilà bien le paradis que les Maures s’étaient choisi, et dont ils avaient fait le siège de leur empire d’Occident. Avant eux, les Romains et les Goths y avaient aussi voulu asseoir leur domination. Mais tous ces peuples ont passé, et leur souvenir n’y vit que dans les ruines. Seul, le ciel est resté le même avec son immuable sérénité, et sur les cendres des palais et des temples le soleil fait fleurir l’oranger.

Des haies de cactus gigantesques bordent les chemins. Les eucalyptus, les bambous, les cyprès ombragent les jardins, et les orangers y laissent pendre leurs fruits d’or.

On ne peut rien imaginer de plus riant et de plus gracieux que les jardins de l’Alcazar, dont l’éternelle jeunesse offre un si frappant contraste avec les ruines qui l’entourent. Du célèbre palais que les Romains avaient élevé, et que les rois Maures avaient rebâti