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« On ordonne de plus que tout poète, n’importe son rang ou sa qualité, soit tenu pour bon gentilhomme, eu égard à la noblesse de sa profession.

« Que tout poète comique, auteur de trois bonnes comédies représentées, ait ses franches entrées au théâtre.

« On prévient les poètes que, lorsque l’un d’eux veut faire imprimer quelqu’ouvrage de sa façon, il est bien entendu que le dit ouvrage n’en vaudra pas mieux pour être dédié à un Mécène quelconque ; s’il n’est pas bon, la dédicace ne le rendra pas meilleur, le Mécène fut-il le prieur de la Guadeloupe.

« Je veux encore que tout poète puisse disposer de moi à son gré, et de tout ce qu’il y a dans le ciel ; j’entends qu’il puisse appliquer les rayons de ma chevelure aux cheveux de sa dame, faire de ses yeux deux soleils, ce qui fera trois en comptant le mien, de telle sorte que le monde s’en trouvera plus éclairé ; il usera à son gré des étoiles, des signes célestes et des planètes, de façon à la transformer tout doucement en sphère astronomique.

« Que les jours de jeûne, il soit bien entendu que le jeûne n’a point été rompu par le poète qui aura rongé ses ongles, tout en faisant ses vers.

« On prévient qu’il ne faut pas tenir pour larron tout poète qui aurait dérobé quelques vers appartenant à un autre, pour l’enchâsser dans les siens, à moins qu’il ne prenne une pensée complète, ou tout un couplet ; car il est, dans ce cas, tout aussi voleur que Cacus.