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fique comme un palais de roi, délicat comme un joujou, gracieux comme un bouquet de fleurs.

C’est dans ce monastère de Cordeliers que vint se renfermer un jour un jeune homme qui devait être une des plus pures gloires de l’Espagne. Il se nommait, Gonzalez Ximénès de  Cisnéros.

Il avait étudié d’abord à Alcala, puis à l’Université de Salamanque, la théologie, la philosophie, le droit canon, le droit civil et les langues orientales. Après avoir professé le droit pendant quelque temps en Espagne, il était allé à Rome plaider les causes des Espagnols devant les tribunaux ecclésiastiques.

Dans les deux pays, il s’était fait une grande réputation, et l’on avait la plus haute opinion de son génie.

Quant il revint à Tolède, il se rendit bientôt célèbre comme prédicateur et directeur des âmes. Mais sa popularité croissante lui ayant suscité des envieux, il se retira au couvent de Castagnar dans la plus complète solitude. Plus tard dans sa plus haute fortune il a souvent regretté cette paisible retraite de Castagnar.

Un jour, il dût céder aux instances réitérées de la reine Isabelle de Castille, qui le choisit pour confesseur ; il revint chez les Cordeliers de Tolède, qui l’élirent Provincial.

Deux ans après, sur les pressantes sollicitations de la reine Isabelle, le Souverain Pontife le nommait archevêque de Tolède, et comme il refusait de quitter ce cloître, le Pape lui envoya six mois après l’ordre formel d’accepter la dignité épiscopale.

Ce n’était pas alors une dignité de mince importance ; car l’archevêque de Tolède était le seigneur temporel