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Nous traversons le Tage sur le fameux pont d’Alcantara, en admirant la belle porte arabe qui le surmonte, nous passons sous la Puerta del sol, élégant monument d’architecture mauresque, et nous arrivons enfin, après une rude ascension, en face de l’Alcazar qui domine la ville. Le Tage miroite sous nos pieds, et la vieille cité déroule sous nos yeux son écharpe de ruines, que le soleil a dorée.

L’Alcazar n’a de mauresque que le nom. C’est un palais du temps de Charles-Quint, formant un vaste quadrilatère, dont les angles sont couronnés de tours formidables. La façade est très élégamment ornée, et autour de la cour intérieure, sont suspendues deux rangées d’arcades, soutenues par deux colonnades gracieuses, et reliées entre elles par un magnifique escalier de marbre.

De l’Alcazar nous courons à la cathédrale. Quelle merveille ! On ne s’étonne plus quand on l’a visitée, qu’elle soit considérée comme une des plus belles du monde. L’extérieur n’a ni les proportions, ni l’élégance, ni les sculptures innombrables de la cathédrale de Burgos ; mais l’intérieur est plus orné, plus harmonieux, et rien n’égale l’admirable unité de ce monument.

Sa majesté étonne, sa beauté charme, et la richesse de ses ornements éblouit. L’œil ne se lasse pas de contempler, en se promenant du maître-autel au chœur, et du chœur aux chapelles. La magnificence s’allie à la beauté, l’élégance à la gravité, l’harmonie à la variété, et chaque détail est un chef-d’œuvre. Comme dit Théophile Gautier, le maître-autel seul passerait pour