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Un de ses rois les plus célèbres fût Recarède qui ramena à la foi catholique toute la nation des Visigoths, et les Suêves lombes dans l’erreur de l’arianisme.

Un des caractères les plus curieux de cette époque, c’est la part considérable que le roi prenait au gouvernement de l’Église, et l’influence que les évêques exerçaient dans le gouvernement du peuple.

La foi catholique est alors la loi fondamentale de l’État. L’Église prend une part directrice dans le gouvernement temporel, et les magistrats apprennent d’elle à bien administrer la chose publique. Les évêques « ont les inspecteurs constitutionnels des magistrats.

Dans un Concile, tenu à Tolède en six cent trente trois, dans lequel siégeant soixante deux évêques sous la présidence de saint Isidore de Séville, il fut réglé et statué : que quiconque violerait le serment de fidélité au roi, ou conspirerait contre lui serait anathème, banni de l’Église et de tout commerce avec les chrétiens. En même temps, il est réglé que lorsque le Prince sera mort en paix, les principaux de toute la nation, de concert avec les évêques, lui donneront un successeur.

Que cette législation semblerait étrange aujourd’hui !

Tout en rappelant ces souvenirs du passé, nous gravissons une rampe en pente douce qui longe les bords du fleuve, et je fredonne la vieille romance,

Fleuve du tage, etc, etc.

Comme il est joli, ce fleuve ! Quelle belle ceinture d’émeraude il fait à la vieille capitale des Castilles ! Il n’est pas large, mais il ne manque pas de profondeur, et ses flots