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tûmes, les chansons et les dictons du peuple des campagnes. Les récits sont simples, naturels, naïfs et spirituels.

On en pourra juger par quelques pages d’une nouvelle intitulée « Paix et Lumière » (Paz et Luz) que je veux citer.

La scène se passe dans un village des Sierras, non loin de Séville. Un pèlerinage de montagnards et de montagnardes est descendu d’Aracena à Utrera, pour la fête de Notre Dame de Consolation. Parmi les pèlerins, se trouvent Pastora, une belle jeune fille de dix sept ans, surnommée la fleur de la Sierra, et Diego Mena, âgé de 26 ans, et surnommé le silencieux à cause de sa taciturnité habituelle, due à de grands chagrins de famille ; car son père a été assassiné, et sa mère est morte de chagrin.

Or, il paraît que Diégo, jeune et joli comme un saint Sébastien, n’a jamais levé les yeux que sur une jeune fille, qui est Pastora, et qui prétend ne pas s’en apercevoir.

Il voudrait bien trouver une occasion de causer avec elle, et de lui dire un peu tout le bien qu’il en pense. La fête de la Consolation va lui offrir une occasion unique et charmante. Laissons conter Fernan Caballero :

« Pour faire ce pèlerinage, on avait donné à Pastora un vieil âne qui, à cause de sa couleur noire, était appelé Mohino. Mohino fit tout ce qu’il put pour faire comprendre que cette promenade matinale n’était pas de son goût, mais ce fut en vain. On lui mit la selle sur le dos, et on la serra de manière à lui faire faire contre