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ENCORE À MADRID

La Puerta del sol.— Le café de Paris. — Fernan Caballero. — Ses nouvelles. — Quelques pages de Paz & Luz.

Décidément, la Puerta del sol me plaît beaucoup, et vaut tout Madrid — sauf le Musée. C’est le centre de la vie espagnole, et l’on y sent battre le cœur de l’Espagne. J’y passe des heures à coudoyer la foule, et le spectacle est très varié.

Les amis, et même les amoureux s’y donnent rendez-vous ; les commerçants y font des affaires ; les hommes d’État y discutent les questions politiques ; les charlatans y déclament leurs boniments ; les malades et les infirmes viennent s’y chauffer au soleil ; les journalistes y font collection de faits-divers ; les dramaturges et les romanciers y cherchent des héros et des héroïnes.

Malgré la tendance malheureuse à l’uniformité de costume, on y voit encore des toilettes pittoresques et originales, depuis la señora, en mantille, jusqu’au paysan aux couleurs bariolées, portant le justaucorps en velours et le châle drapé avec élégance.

Le soir, je vais passer une heure au Café de Paris, et j’y retrouve à peu près les mêmes types. Ils sont groupés autour de petites tables, dans une salle immense,