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plus belle du monde peut-être. Comment vous exprimer dans une simple lettre écrite à la hâte, sur un coin de table d’une chambre d’hôtel, toute mon admiration pour les nombreux chefs d’œuvre entassés dans cet immense musée ? Comment vous dire ce que l’on éprouve, quand on a devant soi les œuvres immortelles de génies tels que Murillo et Raphaël, Velasquez et Rubens, Ribera et Titien ? Car ici toutes les écoles sont représentées, les écoles de Rome, de Venise et des Flandres, comme celles de l’Espagne. Non, je ne puis pas même effleurer les contours d’une pareille étude.

Après le musée, deux choses m’ont plu à Madrid, ce sont les promenades publiques et l’Armeria.

Le Prado, le Buen Retiro, et les jardins du Palais renferment des parterres, des massifs de verdure, des charmilles et des pièces d’eau très bien entretenues. Le grand étang du Buen Retiro offre tous les charmes d’une navigation paisible, à la rame, à la voile et même à la vapeur ; car deux bateaux-mouches à hélices le sillonnent.

Mais ce qui m’a charmé, je puis dire ému, c’est le musée des armes. Il est beaucoup moins grand que celui de la Tour de Londres, mais bien plus intéressant. On ne saurait regarder d’un œil froid les armures de Charles-Quint et de Gonzalve de Cordoue. Il y a là des épées qui jettent des éclairs, et qui réveillent dans l’âme tous les plus nobles sentiments.

Voyez cette lame pesante et large, enrichie de pierreries ; c’est celle du Cid ! Regardez cette autre qui se