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femme descendant jusqu’aux genoux, les jambes et les pieds nus, ou chaussés de pantoufles en maroquin jaune.

Les juives — souvent très jolies — ont le costume le plus disgracieux. Elles sont courtes et grassouillettes, quelquefois énormes. Depuis le cou jusqu’aux hanches c’est une masse disgracieuse de chair, et cette masse est enveloppée dans une ample camisole de soie ou de coton, tantôt blanche et tantôt de couleur tendre. De cette masse informe sortent deux jambes grêles emprisonnées dans des caleçons très collants en coton, ou, si elles sont riches, en drap d’or. Placez un tonneau sur deux batons et vous aurez une idée de l’élégance des juives de Tunis.

Sur leur tête, elles portent une espèce de bonnet phrygien, pointu, et barriolé de broderies et de pierres de couleur.

Quel contraste entre la femme mauresque et la juive ! Le première, je vous l’ai déjà dit, vit renfermée ; et quand elle sort elle est voilée, et toute enveloppée de vêtements blancs très amples. La juive au contraire est libre, sort beaucoup, et porte des vêtements trop étroits.

La beauté, dans l’opinion des Tunisiens, consistant dans l’embonpoint, j’imagine que la Tunisienne a cru que ce costume ferait mieux ressortir cette perfection. Mais aux regards de l’homme civilisé, cette perfection ressemble beaucoup à une infirmité,

Ainsi, nous avons assisté au mariage d’une Tunisienne, âgée de 18 ans, qui pesait au delà de 800 livres,