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Les villes orientales, comme Tunis, ont leur genre d’architecture, qui non-seulement a du cachet et de l’originalité mais convient au climat. Si les rues sont étroites et souvent couvertes par la prolongation des toits des maisons ; si les maisons n’ont pas de fenêtres sur la rue, ou si les fenêtres et les portes sont étroites, c’est qu’il faut employer ces moyens de défense contre le grand ennemi de ces contrées, le soleil.

Dans ces corridors tortueux et resserrés, qu’on appelle des rues, il y a de l’ombre et de la fraîcheur.

Mais sur le boulevard démesurément large de la Marine, il n’y a que du soleil et de la poussière. L’air y est embrasé et les larges fenêtres des maisons sont autant de calorifères.

Ajoutez à cela des cafés et des boutiques, comme on en voit dans les faubourgs les plus reculés de Paris, et vous conviendrez que le quartier européen de Tunis ne peut avoir beaucoup d’attraction.

Mais en revanche les quartiers arabes et juifs sont extrêmement curieux.

La Marine aboutit à la porte de la ville arabe, et dès que vous avez franchi cette porte vous êtes en plein Orient ; spectacle bizarre et bigarré, grotesque et nouveau, animé, varié, étrange et captivant.

Les juifs portent des burnous bleus, des fez rouges à glands de soie bleue, et des babouches en cuir noir ou de couleur.

Les arabes ont le burnous blanc ou la gandoura de même couleur, des chéchias blancs ou gris ou des turbans, des pantalons aussi larges que des jupes de