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Il va sans dire qu’on retrouve à Constantine les mêmes spectacles que j’ai décrits en parlant d’Alger, y compris les Aïssaouas qui sont même plus forts ici qu’ailleurs.

Au reste, toutes ces villes africaines se ressemblent sous beaucoup de rapports. Toutes sont admirablement situées. Celles du littoral sont toutes encadrées de montagnes, et se mirent dans des baies dont l’azur est étincelant, transparent, irisé de rayons de soleil.

Chacune a des maisons françaises, espagnoles, italiennes, et surtout mauresques, dont la blancheur contraste avec le vert sombre des montagnes qui leur font une ceinture, et le bleu clair des flots qui les caressent mollement.

Chacune a sa Kasbah, citadelle mauresque perchée sur un sommet qui domine toute la ville. Chacune a ses fortifications et ses portes sarazines, ses mosquées et ses minarets, ses koubas et ses dômes, ses bazars et ses marchés, où toutes les nationalités se coudoient.

Chacune a son quartier européen, avec de grands boulevards et de belles boutiques, et son quartier arabe, vrai labyrinthe de rues tortueuses, d’impasses inextricables, de corridors voûtés et d’escaliers casse-cous.

Dans chacune se retrouvent deux courants de vie bien différents, la vie européenne avec son activité et son mouvement progressif, et la vie orientale avec son indolence et sa stagnation.

C’est cette vie orientale qui est surtout intéressante pour nous, et qui est le grand objet d’attraction pour les touristes. La diversité de costumes, de langage, de