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qu’il commande lui-même, et il les entraîne par l’appât du gain et du pillage à la conquête du monde. Ses prédicateurs sont des hommes de guerre, son argument est le sabre, son moyen de conviction est la terreur. Il faut croire, ou périr.

Jésus attire le monde à lui par l’amour, par le sacrifice, et par la beauté de sa doctrine en dépit des renoncements qu’elle impose. Il ne dispose d’aucune puissance matérielle, et au point de vue humain il est vaincu. Il est condamné à mort comme un scélérat et un fou dangereux ; il meurt, et l’on croirait que l’œuvre colossale qu’il a rêvée va s’évanouir comme la vision d’un halluciné. Il ne laisse derrière lui pour la continuer ni armée, ni puissants, ni riches, ni savants. Et cependant son œuvre triomphe, sa doctrine s’impose, elle change la face de la terre et fonde la civilisation.

Mahomet ne peut enrôler sous ses drapeaux que les races de son origine, et les nations éclairées se moquent du Coran.

Jésus est le Docteur universel, et tous les peuples les plus éclairés admirent l’Évangile.

Mahomet a les vices de l’Orient, et il ne peut être proposé à l’imitation des hommes.

Jésus est l’idéal de toute perfection, le modèle universel et éternel, que tous les Ages, toutes les conditions toutes les races et tous les siècles sont appelés à imiter.

En Mahomet l’ambitieux et le fourbe apparaissent sous le masque du prophète.

En Jésus c’est la divinité qui brille à travers l’humanité, comme la lumière à travers le cristal.