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vêtues, et nous regardant avec curiosité, des chuchotements et des rires.

Nous franchissons un second sommet, et nous rencontrons un second torrent, avec une seconde échelle de blanchisseuses. C’était le tableau le plus animé et le plus pittoresque que l’on puisse voir. Les unes chantaient des romances bizarres, que les autres semblaient accompagner avec leurs battoirs. Toutes semblaient gaies, riantes, et l’eau glacée colorait leur teint brun, et rougissait leurs bras nus.

Sous nos pieds s’étendaient le parc royal, les jardins, et les toits réguliers et spacieux de l’Escurial. Au loin se succédaient les pics, les ravins, les rochers, et de grandes routes blanches serpentant au milieu de ce désert.

Derrière nous se dressaient des escarpements et des cimes, dont les têtes allaient se perdre dans les nuages, ou se fondre dans le ciel. Nous redescendîmes charmés, en écoutant les chants des laveuses et les mugissements des torrents.

Le soir, nous étions à Madrid.