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malheureux chrétiens ont alors gémi dans les bagnes et sur les marchés d’esclaves d’Alger, de Tunis et de Tripoli !

Un des plus glorieux captifs d’Alger fut Cervantès. En 1573, il avait fait l’expédition de Tunis, et il revenait vers sa patrie dans la galère El sol, quand il rencontra des pirates, et fut pris avec son frère. La captivité fut rude et dura cinq ans. Plusieurs tentatives d’évasion très habilement combinées échouèrent par trahison, et c’est au prix de mille écus d’or que ses parents purent enfin le racheter.

Après l’Espagne, qu’elle n’avait malheureusement pas aidée, la France tenta d’abattre la puissance des Maures en Afrique et sur la Méditerranée, mais elle n’obtint longtemps que des succès temporaires.

L’Angleterre vint à son tour, et après avoir bombardé Alger en 1816, elle obtint enfin du dey Omar l’abolition de l’esclavage des Européens.

Grâce à Dieu, la Méditerrannée n’est plus un lac musulman, ni barbare. Elle est européenne et chrétienne.

En 1827, le dey d’Alger et le consul de France, se rencontrant à la Kasbah, eurent ensemble une altercation, et le consul reçut du dey un coup d’éventail. Charles X décida de venger cette injure, et l’expédition envoyée contre Alger en fit la conquête.

Depuis lors, la France a toujours étendu ses possessions algériennes, et sa puissance s’y affermit. Elle n’a guère civilisé les Arabes, qui sont encore pleins de haine contre elle ; mais son œuvre de colonisation en Algérie grandit et se développe dans une large mesure. Ses