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monotone. Alors nous prenons une voiture, recouverte d’une toile blanche, qui protège contre le soleil trop ardent, et, fouette cocher.

Tantôt nous longeons la mer du côté de Saint-Eugène, tantôt nous gravissons les hauteurs du Sahel, tantôt nous parcourons le Mustapha supérieur, suite de villas élégantes habitées par des Anglais, et nous allons visiter le palais du gouverneur que nous trouvons très beau et admirablement situé.

Mais la visite la plus intéressante à faire de ce côté est celle du Jardin d’Essai. Nous y trouvons réunies toutes les plantes, les essences et les fleurs de l’Algérie, de l’Europe, de l’Australie, de l’Amérique et même du Japon. L’horticulteur et le botaniste y pourraient passer des semaines dans l’étude de toutes les espèces qu’on y a acclimatées. Le peintre et le poète y puiseraient de nouvelles inspirations.

Un intérêt historisque s’attache en outre au Jardin d’Essai. Car c’est ici que Charles-Quint opéra son débarquement en 1541, malgré les cavaliers bédouins qui s’y opposèrent. C’est ici qu’il passa la nuit avant de marcher sur Alger, qu’il eut bientôt enveloppé. Déjà il avait établi son quartier général au-dessus de la ville, sur la colline qu’occupe aujourd’hui le fort l’Empereur, quand une tempête épouvantable se déchaîna, brisa un grand nombre de ses navires, détruisit ses approvisionnements, démoralisa et débanda son armée, et le força enfin de lever le siége.

Alger resta longtemps encore un repaire de pirates dont les courses infestèrent la Méditerranée. Que de