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tra une inscription qui m’imposait le silence. Je le suivis, et nous parcourûmes ensemble tout le cloître sans échanger une parole.

Les murs sont couverts d’inscriptions rappelant la brièveté de la vie, l’éternité, les mérites de la pénitence, et le vrai bonheur naissant de la douleur volontaire. L’une d’elles m’a particulièrement frappé, je la reproduis :

« Le cloître est un tombeau où la mort commence la vie ».

Au réfectoire j’ai lu cette autre :

« Soit que vous mangiez soit que vous buviez, faites tout pour la gloire de Dieu ».

Le dîner des religieux était servi, en voici le menu : 1° un potage de légumes bouillis dans de l’eau avec du poivre et du sel ; 2° un morceau de pain ; 3° une bouteille de vin et un cruchon d’eau que le religieux boit dans une tasse d’étain.

Au dortoir, les cellules contiennent une petite couchette en fer, une paillasse, et l’espace nécessaire pour entrer et sortir.

La chapelle était encombrée de religieux qui priaient. Il y en avait de tout âge et de toutes les nations.

D’autres religieux se promenaient lisant et priant dans les deux galeries à arcades qui entourent le préau. Plusieurs étaient agenouillés sur la pierre, aux pieds des colonnes, ou dans les encoignures. Tous avaient l’air d’ombres ou de fantômes pour lesquels la vie réelle n’existe plus. Seul, le préau faisait contraste avec l’as-