Page:Routhier - À travers l'Espagne, lettres de voyage, 1889.djvu/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 353 —

ques dévoilées, priant sur des tombeaux qui sont en grande vénération. Car là reposent plusieurs pachas et le grand marabout Abd-er-Rhaman, qui vécut au quinzième siècle.

Le même jour, dans la grande mosquée, vous aurez un autre spectacle. Des centaines d’Arabes sont, là prosternés, le front collé sur les dalles de marbre, pendant que le marabout, monté dans une espèce de chaire, leur déclame ou leur chante des versets du Coran.

Selon le Prophète, le Seigneur exigeait autrefois que ses fils prient cinquante fois par jour ; mais, à la demande de Mahomet, il veut bien aujourd’hui se contenter de cinq fois. C’est pourquoi l’on voit hissé cinq fois par jour, au sommet des minarets, un petit drapeau blanc qui attire l’attention des fidèles, et qui annonce l’arrivée prochaine du muezzin. Un instant après, il apparaît en effet au sommet de la tour, et il appelle les fils d’Islam à la prière.

L’appel de l’aurore est vraiment beau : Koumou ! Koumou ! La Tenournou !


Levez-vous ! levez-vous ! Ne dormez plus !
C’est le moment de faire le bien ;
Vous ne vivrez pas éternellement…
Dieu seul est grand ! Et Mahomet est son prophète !
La Allah illahoullah, Mohammed raçoul Allah !


À ce cri, les Musulmans, quoi qu’ils fassent alors, et où qu’ils se trouvent, se tournent vers l’orient et se prosternent la face contre terre en adorant Allah !

Bien souvent, sur les chemins, dans les champs, au désert, sur les montagnes, dans la diligence même où