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Il neige au pied de la colline,
Il neige au détour du sentier,
Il neige des fleurs d’aubépine,
Il neige des fleurs d’églantier.


Nous sommes en janvier, et les jours sont longs et beaux. Les nuits sont froides mais claires, et la brise de mer se réchauffe chaque matin dans un bain de soleil.

Aussi tout le monde vit-il dehors. La grande place du gouvernement, et les rues Bab-Azoun, Bab-el-Oued, de Chartres et d’Isly sont pleines de peuple ; et ce peuple est le plus bariolé que l’on puisse voir. Français, Espagnols, Berbères, Kabyles, Mozabites, Juifs, ont des costumes différents et de toutes couleurs. Ajoutez à cela les uniformes des nombreux militaires que l’on coudoie partout, et vous aurez une idée de la variété du coup d’œil.

Le quartier arabe d’Alger n’a pas ce caractère cosmopolite, mais c’est une merveille de pittoresque. On imagine difficilement un pareil labyrinthe de sombres corridors, d’impasses tortueuses, d’escaliers flanqués d’échoppes borgnes, et de mystérieuses galeries.

Il s’étend sur le flanc de la montagne, où s’élève la kasbah, ancienne forteresse arabe, aujourd’hui occupée par les soldats français.

Ce que les étrangers ne manquent pas de visiter à Alger, ce sont les mosquées. Les plus remarquables sont la grande mosquée et celle d’Abd-er-Rhaman el Tçalbi. Celle-ci est à l’ombre des palmiers du jardin Marengo, et est surmontée d’un minaret fort élégant. En y allant, le vendredi, vous y verrez des femmes mores-