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avant d’avoir cessé de nous amuser, et quoiqu’il ne fût qu’environ trois heures P. M., ils décidèrent qu’il était six heures et votèrent l’ajournement.

Alors le président piqua une tête en bas de son fauteuil, je veux dire de son rocher. Je crus qu’il allait se tuer ; mais l’habile acrobate, en tombant à travers les branches d’un arbre, s’y était cramponné (est-ce bien cramponné ?) avec deux ou trois tours de queue ; et tous disparurent.

Au Ruisseau des Singes, nous en trouvons d’autres ; mais ce sont des intransigeants farouches qui en veulent à la société. Car ils se sont enfuis à notre approche en secouant violemment les arbres.

J’ai pu constater ici que tous les singes raffolent des noix, tandis qu’il est constant que le père de l’humanité aimait les pommes. Je soumets cette objection aux évolutionnistes.

À mon grand regret, nous arrivons à Alger de nuit, et ce n’est que le lendemain que nous pouvons admirer cette ville superbe, cette perle rose, enchâssée d’émeraudes et de saphirs, étincelante de reflets lumineux, et pittoresque comme une féerie.

Au saut du lit, je cours à ma fenêtre (hôtel de l’Oasis), et j’ai sous les yeux un coin de la ville, une mosquée, le port, et la mer miroitant au soleil. J’ai vu ce tableau pendant quinze jours, et je ne m’en suis pas lassé.

La rade d’Alger est l’une des plus belles que l’on puisse contempler, surtout le soir, vers le coucher du