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De quelque côté que vous vous dirigiez, vous arrivez toujours à des escarpements, et si vous levez les yeux vous apercevez soit un château-fort, soit une tour, soit un clocher qui dominent la ville. Santa-Cruz, avec ses bastions formidables et ses créneaux, s’élève à plus de mille pieds au-dessus de votre tête ; et sur un plateau, à côté du château-fort, une chapelle élancée porte à son sommet une statue de la sainte Vierge dont les bras tendus semblent bénir le port et la ville.

Je ne connais que Notre-Dame de la Garde, à Marseille, qui puisse être comparée comme point de vue à cette chapelle de Santa-Cruz.

Oran, dont l’origine ne remonte guère au-delà du dixième siècle a souvent changé de maîtres.

Les Maures, expulsés de l’Espagne au quinzième siècle, y trouvèrent un refuge. Mais les Espagnols les y poursuivirent, et le cardinal Ximénès les en chassa en 1509. Deux siècles après, l’Espagne perdit cette ville, la reprit en 1732, et l’évacua définitivement en 1792. Elle resta soumise à un Bey jusqu’en 1831, et fut alors conquise par la France.

Cinq ou six forts la protègent aujourd’hui, tant du côté de la mer que du côté de la terre, et lui forment une ceinture à la fois redoutable et pittoresque.

Il faut aller visiter sa promenade de l’Étang, sa cathédrale Saint-Louis, la grande mosquée et le quartier nègre.

Un chemin de fer relie maintenant Oran à Alger, et c’est par cette voie que nous nous dirigeons vers cette dernière ville. Mais nous ne pouvons résister à la ten-